Les danses folkloriques en Bolivie
Sergio soliz

Qui sont ces personnages colorés qui envahissent les rues et les avenues des grandes villes boliviennes au rythme de sons variés et exécutent des chorégraphies atypiques pour notre culture européenne ? Quelles histoires essayent de nous raconter cet ours, cet archange, ce diable ou ce petit bonhomme courbé qui se déplace en pas minuscules d’avant en arrière à l’aide d’un bâton ?


Qu’ont donc en commun ce berger andin avec sa fronde dans la main et cet amazonien sauvage qui saute agilement en saisissant une lance ? N’est-il pas surprenant de découvrir au milieu de ces carnavals des musiciens à la peau foncée qui possèdent des instruments plus proches de la culture africaine que de la culture andine ? Pas tant que cela en réalité : la négritude fait en effet partie de l’histoire de ce pays où sont arrivés des centaines de milliers d’esclaves africains.


Les danses folkloriques de Bolivie parlent sans parler et racontent, au travers de chaque détail, des histoires qui font référence aux origines de la danse, laquelle s’est transformée au cours du temps et a intégré la culture hispanique aux cultes et traditions de l’empire déchu.



Sommaire

Les principales fêtes folkloriques en Bolivie
Fête des Chutillos à Potosi
Danses et danseurs




Les principales fêtes folkloriques en Bolivie


Le carnaval d’Oruro est la festivité folklorique la plus importante du pays et a acquis une réputation mondiale. Grâce à sa splendeur et à sa dimension culturelle, le carnaval d’Oruro a été inscrit en 2008 par l’UNESCO sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Cette festivité qui se déroule en février, en honneur à la Vierge du Socavón (une invocation à la Vierge Marie) réunit chaque année plus de 28.000 danseurs, 10.000 musiciens et près de 450.000 spectateurs. La Festivité du Gran Poder (le Grand Pouvoir) est tout aussi importante pour le pays. Elle se déroule à La Paz chaque année fin mai ou début juin, avec un grand déploiement de danseurs (25.000 à peu près) et de fanfares. Initialement, en 1923, cette manifestation correspondait à une fête de quartier : elle s’est transformée en l’événement folklorique le plus important de la ville de La Paz.


Cette fête est intimement attachée aux commerçants de la zone du Gran Poder qui, une fois par an, montrent avec fierté leurs habits magnifiquement confectionnés. Il s’agit de représenter l’influence croissante des commerçants dans les prises de décisions du pays et d’aucuns disent que la festivité du Gran Poder évoque en fait la prise symbolique de la ville de La Paz, une ville qui, du temps des colonies, était socialement divisée en deux par la rivière Choqueyapu : la partie nord était occupée par des familles espagnoles tandis que la rive opposée de la rivière était le soi-disant quartier des indiens. Il s’agit aussi d’un événement à caractère religieux où se mélangent des coutumes indiennes et des rites catholiques.


A ces deux fêtes remarquables, il faut ajouter ces réjouissances auxquelles donnent lieu la Festivité de San Pedro et San Pablo qui se déroule chaque 29 juin dans les communautés situées aux bords du lac Titicaca, la rentrée universitaire qui a lieu le dernier samedi du mois de juillet, la fête de la Vierge d’Urkupiña à Cochabamba (14 au 16 août), et la Festivité des Ch’utillos à Potosí où l’on commémore la victoire de San Bartolomé sur Satanas (26 et 27 août).



Fête des Chutillos à Potosi


A Potosi, la fête de Saint Bartholomé ou Chutillos, remonte au temps de la colonie. Dans la ville de Potosi, depuis environ 1589, se propage le mythe de Saint Bartholomé qui lutta contre le démon et gagna le combat. Depuis ce moment là, les habitants ont commencé à vénérer Saint Bartholomé et c’est ainsi que la festivité est né.


La fête des Chutillos, est une légende de l´époque pré colombienne, on souligne que la présence des jésuites la transforma en fête païenne. Les jésuites qui vivaient à cette époque à Potosi avaient assumé la domination religieuse.


Ils propagèrent la nouvelle que le diable s´était caché dans un canyon appellé “La Puerta” – ce lieu se trouve à 7 kilomètres de Potosi – on disait même que si une personne ou un animal passait par lá il y laissait sa vie. Les indiens de Cantumarca commencèrent à adorer cet être malicieux, lui rendant culte en échange de faveurs, et furent convaincus qu´au sein de cette grotte vivait le démon. Ainsi sous l´influence et l´aide des religieux de l´époque, les espagnols intronisèrent l´image de Saint Bartolomé et firent courir la rumeur que le Saint avait vaincu Satan.


C´est, de ce mythe qu´est né la fête de Saint Bartolomé, fête patronale qu´on célébre dans la localité de “La Puerta”, lieu oú se trouve la chapelle de l´apôtre Saint Bartholomé, les 26 et 27 Août.


La célébration dure 3 jours. Le premier jour s´appelle Chutillo, le second Majtillo et le troisième Thapuquillo.


Le premier jour, les gens se dirigent vers la localité de La Puerta (à 6 km de la ville), pour rendre visite à Saint Bartholomé et monter au « Calvario ». On peut voir les danses autochtones des 16 provinces du département.


Le second jour participent les différentes fraternités de la ville de Potosi et certaines de l´intérieur du pays, interprétant des danses du patrimoine bolivien, tels que el caporal, la morenada, la diablada


La fête des Chutillos nous montre la variété de la richesse culturelle et folklorique présente en Bolivie.



Danses et danseurs


On ne saurait répertorier dans ce seul article toutes les danses exécutées lors des festivités ci-dessus énumérées. On mentionnera seulement les plus populaires :


La diablada, il s’agit de la danse la plus représentative du carnaval d’Oruro. Elle figure une mise en scène de la lutte entre le bien et le mal. Dans la diablada, il y a plusieurs groupes de danseurs : les femelles du diable, les archanges secondaires et un total de 40 diables distribués en 7 groupes qui font allusion aux sept péchés capitaux. Lucifer et l’Archange Michel se distinguent de la multitude grâce aux coloris des vêtements.


La morenada est une danse très particulière car elle fait référence à l’importation d’esclaves qui ont servi de main d’œuvre dans les tâches agricoles et minières. Dans cette danse, on imite la marche triste et fatiguée de ces esclaves venus d’Afrique. Un des principaux éléments musicaux de cette danse est la matraque, une caisse en bois avec une roue dentée et une languette qui produit, en tournant, un bruit sourd et monotone qui imite les chaînes des esclaves qui marchaient avec des fers aux pieds.


La Llamerada est considérée comme l’une des danses les plus anciennes du folklore bolivien et exprime la relation de l’homme andin avec le lama, qui lui fournit alimentation, transport et laine. La Llamerada est une danse au cours de laquelle on évoque l’activité du pâturage et où l’on met en valeur le caractère sacré du lama. C’est pourquoi les costumes des danseurs ne sont pas aussi simples que ceux des bergers mais, au contraire, élégants et ornés avec d’anciens signes de pouvoir.


Le tinku (rencontre en quechua) représente le combat corps à corps auquel se livrent les communautés Laymes et Jukumanis notamment, pour offrir leur sang à la terre mère (la Pachamama) une fois par an, de manière si réaliste que le sang coule souvent, parfois jusqu’à la mort.


Le auqui auqui est une danse où l’on se moque des autorités espagnoles (à l’époque coloniale) qui sont représentées par des vieillards courbés qui dansent de manière humoristique en portant de grandes bosses, des chapeaux et des bâtons.


Les Tobas, une chorégraphie très particulière qui représente les tribus sylvestres de l’est et sud-est bolivien. Les danseurs, peu habillés et munis d’armes de guerre réalisent des sauts sportifs et des pas acrobatiques.



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